Nouveau départ

Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai pris une sacrée claque. Les semaines suivantes avaient le sale goût amer de la déprime, avec toujours la même question qui me revenait. Que faire de ma vie ? J’en sais rien. Suis-je heureux ? Oui, un peu. Je ne suis pas malheureux. Au jour le jour, je suis heureux, c’est certain. Mais tous les jours identiques. M’imaginer avec la même vie ne serait-ce que dans un an me déprime.

Il faut que ça change. Il me faut une nouvelle vie. Une vie à deux si possible. Comme ce n’était pas possible, il me fallait une nouvelle vie seul ; un nouveau départ à zéro. Mais où ? Faire quoi ? Rien ne me motive à part partir. Partir où ? Peu importe. Faire quel boulot ? Peu importe aussi. D’ailleurs pourquoi travailler ? Pour avoir de l’argent, mais en faire quoi ? Si c’est pour vivre seul tout le restant de ma vie, le RMI me suffirait largement. Je suis prêt à partir vivre dans une cabane en pleine campagne; vivre en autarcie en cultivant un champ de patates et des poulets. Tous les jours de l’année, poulet frittes. Je pense que je serais aussi heureux qu’aujourd’hui. Mais est-ce bien raisonnable ? Non. Alors que faire ?

C’est alors que je touchais le fond de ma déprime que le destin vient frapper à ma porte. On dit souvent que c’est lorsque l’on s’y attend le moins que le bonheur débarque dans sa vie. Je déteste ce genre de phrase toute faite basée sur rien. On m’a tellement dit cette phrase que j’avais l’irrésistible envie d’égorger tout ceux qui me la disait. Et pourtant, ils avaient raison ; le destin vient frapper à ma porte. J’aurai préféré que le destin soit une jolie fille, mais hélas, ce fut un grand gaillard musclé. Il travaillait dans la même entreprise que moi et mes envies de fuir la région parisienne étaient parvenues à ses oreilles. Il me proposa un boulot en or dans une petite ville dans le fond de la France, ville que je nommerai Trouville. Vous ne commencez pas Trouville ? Normal, ça n’existe pas. Depuis la création de ce site, je fais très attention à garder l’anonymat, dans le but où si un ami, ou un collègue tombe par hasard sur ce site, il ne me reconnaisse pas. Je dirais seulement que Trouville est une petite ville paisible, dans la moitié Sud de la France entourée de nature.

Je voulais quitter Paris sans savoir où aller. Je cherchais un nouveau boulot, sans savoir lequel. On m’offrit les deux sur un plateau. Un boulot en or dans une ville de rêve. Enfin, de mes rêves. Lorsque j’ai annoncé autour de moi mon départ pour Trouville, la réponse fut souvent « c’est génial ! Tu nous inviteras à venir en vacances ? ». Trouville fait donc rêver. Mais quand je pose la question « Si tu avais l’opportunité d’y vivre, tu irais ? » La réponse a presque toujours été « euh…non ». Venir deux semaines en vacances, oui, y vivre, ça fait généralement peur. Mais pas à moi, au contraire, c’était l’occasion parfaite pour enfin changer de vie. J’acceptai le jour même et quelques semaines plus tard, j’emménageai à Trouville.

Depuis, une nouvelle vie a commencée. Une vie qui me plait. Mon intégration a été rapide et bonne, je me suis fait de nouveaux amis et la vie dans cette petite ville me plait bien plus qu’à Paris. Fini le temps où il me fallait plus d’une heure pour aller chez des amis, à présent pour aller d’un bout à l’autre de la ville, je n’ai besoin que d’un quart d’heure ! Fini le temps des embouteillages, des places de parkings impossibles à trouver, des RER en grève ou en panne. Bref, je me sens dans mon élément dans cette ville proche de la nature.

Et qui sait lorsque l’on est bien dans sa peau, on peut surement devenir attirant. Mais bon, c'est assez mal parti; à Trouville, toutes les femmes de plus de 25 ans sont déjà mariées. Ce n'est pas Paris. Ici, c'est un monde où les gens vivent heureux. 

PS : Ne désirant pas révéler le nom de ma ville, j’ai créé un nom dont la sonorité ferait penser à une petite ville tranquille et isolée. Trouville m’est venu naturellement. Ce que je ne savais pas, c’est que Trouville existe réellement… Je m’excuse au prêt des Trouvillains et des Trouvillaines d’avoir associé leur ville à un coin perdu.