Lundi 10 avril 1 10 /04 /Avr 21:55

J’ai rencontré l’alcool au début de mes études, quand j’ai quitté la profonde campagne désertique où je ne sortais jamais, pour débarquer dans un monde de liberté. Mon corps d’adolescent attardé de 18 ans ne demandait qu’à découvrir de nouvelles formes de plaisir et de nouvelles substances. Elles sont si belles les jeunes étudiantes. En arrivant en ville, j’ai eut l’impression d’être un enfant débarquant dans une maison en chocolat où tout était comestible. Alors je me jetais sur chaque fille pour la draguer. Jeune fou furieux que j’étais. Heureusement, j’ai bien changé depuis. A cette époque, avec toute ma timidité, je ne savais que leur dire et lorsque l’inspiration venait, je bafouillais. J’essayais de me rattraper avec de l’humour. Vous connaissez mon sens de l’humour, il n’est pas très délicat, alors le désastre était inévitable !  Mais je m’en foutais, il y avait tant de filles à draguer. C’était même mieux de draguer rapidement, mon sort était immédiatement connu et je pouvais passer à une autre fille. Finalement après des dizaines, que dis-je, des centaines de râteaux, ma confiance a commencée à s’ébranler et j’ai entrepris de changer ma technique. Il fallait moins de rentre dedans. Mon physique de frite du Mac Do ramollie ne me permettait pas l’attaque directe, il fallait absolument charmer, c'est-à-dire raconter des bobards crédibles pour émouvoir la potentielle victime et profiter d’un moment d’intention pour lui rouler une pelle baveuse. Mais comment faire pour draguer quand on reste figé comme un merlan devant une fille ? Je n’y peux rien, quand une fille est en face de moi, j’y ai une libération d’hormones à la con et je bloque totalement. Je sais, c’est ridicule, mais je n’y peux rien. Comme il y en a qui boite, d’autre qui bégaye, moi je me cimente devant une fille. Car c’est peut-être la fille de ma vie ; si j’assure, ma vie peut basculer de la misère dans le bonheur. Alors me voila avec les mains moities, tremblantes, un sourire méga crispé et absolument rien à dire… Pour lutter contre ça, j’ai décidé de me doper, comme les sportifs. Si t’as pas assez de talent, si tu veux gagner, tu n’as pas le choix, tu dois prendre des produits pouvant être dangereux pour la santé. Un soir, avant de sortir en boite avec des amis, j’ai picoler le maximum que mon estomac pouvait supporter. J’avais les dents du fond qui baignaient. Ce soir là est jusqu’à aujourd’hui, le plus beau moment de ma vie.

 

L’alcool rend certains violents, d’autres dépressifs et suicidaire. Moi, j’ai une chance inouïe, l’alcool me rend heureux. Oui, lorsque j’ai bu, mon cœur n’est plus triste, une joie de vivre m’envahie, un sourire radieux rayonne sur mon visage. Je suis tout simplement heureux ! Alors je danse, je ris, j’hurle « Vive l’alcool ! ». Je me moque de tout, plus rien ne peut m’arriver. Les filles ne me font plus peur, car je n’ai plus besoin d’elles pour être heureux, et je ne me gêne pas pour leur dire ! Je cherchais en vain le bonheur au près des demoiselles alors qu’il était dans mon frigo, attendant notre rencontre patiemment dans sa bouteille. Vodka, Vodka, Vodka. J’étais totalement perdu quand je t’ai rencontré. Tu as su trouver les bons maux pour me faire oublier ma misère et tu as insufflé en moi cette joie de vivre qui me manquait. Jamais tu ne m’as déçu et chacune de nos rencontres est un vrai moment de bonheur. Je te connaissais depuis longtemps, mais je n’avais jamais pris le temps de t’apprécier. Je n’aurai jamais pensé que tu sois l’amour de ma vie. Pourtant c’est bien toi. C’est vrai que les lendemains matins sont toujours difficiles, le corps est endolori par la nuit de folie, le regard se perd dans le vide, la gueule est pâteuse, la tête tourne… C’est triste de se retrouver dans un tel état, mais si c’était si simple d’être heureux, ça se saurait. La vie n’est pas si rose, sauf peut-être pour les alcooliques. Il faut savoir accepter les moments les plus difficiles. Je me sens si seul ces fameux petits matins, quand je sors de mon coma, seul dans mon lit. Tu n’es plus là, ou alors sous la forme d’une quiche au pied du lit, mais je sais que tu existes et que tu seras toujours là quand j’aurai besoin de toi. Car l’alcool ne m’a jamais déçu, et a toujours été là quand j’ai eut besoin d’elle. C’est la définition même de l’amour parfait.

J’ai même eut l’idée de créer une association dans les premières années de notre vie commune. Je l’aurait nommée l’EAMTS, ça se prononce « éam’ts » en une seule syllabe et ça signifie « Epanouissement Alcoolique au Mépris Total de la Santé. » Contrairement aux alcooliques anonymes qui regroupent que des gens malades et dépressifs, le but était de valoriser les bienfaits de l’alcool. Et oui, comme toute personne découvrant que la vérité est ailleurs, j’ai eut envie de faire découvrir au monde que d'autres voies du bonheur existaient. Mais finalement je n’ai jamais créée cette association. Lorsque l’on rencontre son Amour après des années d’errance, on lui consacre toute sa vie et on ne prend pas le temps d’aider les autres à trouver les chemins du bonheur.

  

A chaque soirée que l’on a passé ensemble, certaines mauvaises langues disent que je « picole ». C’est faux, je fais tout simplement l’Amour, le vrai, quand les corps se confondent pour toucher l’ivresse, quand le bonheur est tel que l’on oublie tout, quand on est transporté dans une autre dimension où tout est bonheur. Je commence toujours mes rapports avec de longs préliminaires, fait d’apéritifs, de bières et de cocktails, doucement, tendrement pour prendre soin de savourer chacune de ces douceurs. Chaque verre est une caresse qui fait avancer d’un pas mon corps et mon âme vers le bonheur. Doucement l’ivresse m’envahie. C’est une si douce sensation de se sentir transporter vers les cieux de la jouissance. Ensuite, sans m’en apercevoir, l’ivresse prend possession de tout mon corps. Je ne calcule plus, je me lâche, je plane dans un ciel bleu, c’est l’orgasme. Pas un tout petit orgasme de quelques secondes, non, un orgasme de plusieurs heures à danser et à rire. C’est si bon, si indescriptible. Depuis que je vis ce genre de moments, je sais pourquoi je vis. Pris dans mes tourbillons d’ivresse, j’ai envie de repousser les limites extrêmes du plaisir. Je fais durer l’orgasme le plus longtemps possible, jusqu’aux limites de mon corps, pour avoir toujours plus de sensations. Mais hélas, l’orgasme éternel n’est pas de ce monde, et lorsque l’on réalise que sa fin est proche, il est déjà trop tard. La jouissance touche à son paroxysme et c’est l’éjaculation. Le corps reprend son droit; il dit «stop» et l’esprit redescend sur terre. Je me retrouve un peu drogué par les émotions, les idées encore dans les nuages, et je regarde le liquide fraîchement rejeté sans trop savoir quoi en faire. L’éjaculation sexuelle ne génère que quelques gouttes, mais avec l’éjaculation alcoolique, c’est carrément une flaque qu’il y a devant moi. C’est bien la preuve que l’orgasme alcoolique est bien plus fort que l’orgasme sexuel. Alors je nettoie sans aucun dégoût car c’est le fruit de mon amour que je ramasse, ce ne peut donc pas être sale. Un jour peut-être j’aurai un enfant, un métis entre un humain et l’alcool qui gira sur le sol, baignant dans son placenta de gerbe. Je ne suis pas très bon en médecine, mais je ne pense pas que ce soit possible… Ce n’est que le rêve d’un fou dont l’esprit vagabonde au gré de sa folie, en attendant que son corps récupère de son effort. C’est ainsi que je reste allongé dans mon lit, complément exténué par la nuit de folie. Je suis si follement amoureux. C’est hallucinant comment l’amour vous entraîne si loin de la réalité et des biens matériels. Après avoir fait l’amour toute la nuit, je n’éprouve pas le besoin de manger le lendemain. Ni même boire, en tout cas rien d’autre que des boisons non alcoolisée. Je suis fidèle moi ! J’ai eut tant de mal à trouver mon amour que je ferai tout pour ne pas le décevoir. Et jamais je ne le tromperai, jamais !

Par Pete Oyable - Publié dans : Récits de ma vie sexuelle
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Commentaires

je viens de passer un long et bon moment à lire la totalité de ton blog. j'ai eu différentes réactions en lisant tes articles. Tout d'abord une qualité d'écriture indéniable, une auto dérision portée à son paroxysme. je suis partagée entre la pitié et l'admiration et à mi chemin de l'empathie, de la tendresse. tu me fais douter par moment sur la véracité de ta biographie ou biographie imaginaire? et à d'autres j'admire cette lucidité , ce courage d'affronter cette vie de non-amour . où se trouve la vérité? peu importe , le principal c'est que tu m'apportes du plaisir, il peut être autre que sexuel... intellectuel. Je reviendrai te lire....avec plaisir. 

commentaire n° :1 posté par : patricia le: 06/05/2006 à 22h56

Nom de Dieu !!! Mon équivalent en féminin !  J’ai cherché longuement sur le web un site comparable au mien et je n’en aie jamais trouvé. Heureux de faire ta connaissance !

Déjà félicitation d’avoir lu tous mes textes dans les quels s’entremêlent des sentiments sincères, des récits d’expériences sexuelles réelles, mais aussi des délires et autres perversions toutes droit issues de mon imaginaire fantasque. Il en résulte un site où il est peut-être difficile de séparer le réel de l’imaginaire et où la quête de certitude peut amener le lecteur à conclure que je ne suis qu’un obsédé sexuel, un désespéré, voir même un psychopathe. Je ne pense pas être l’un des trois et je suis quelque peu attristé lorsque quelqu’un le pense. Mais après tout c’est bien légitime suite aux ignominies que j’écris. Mais je ne suis en fait qu’un pauvre fou solitaire qui s’amuse avec les mots et aime faire tourner en dérision ce fameux sentiment dont je n’ai pas la chance d’éprouver : l’Amour.

Tu m’as dis que certains textes t’ont fait pitié. Je suis un peu vexé. Je ne me considère pas comme un raté de la nature, mais plus comme quelqu’un qui n’ose pas, ou qui n’arrive pas à se prendre en main. Je n’ai hélas pas la même facilité à parler qu’à écrire, d’ailleurs il me faut un peu près un mois pour écrire un article. Je n’ai pas créé ce site pour que les gens se lamentent sur mon sort, mais pour faire rire. Tout d’abord, ça me fait immensément plaisir de savoir que j’apporte un peu de bonheur à des personnes. Ensuite, j’arrive à de plus en plus à minimiser la gravité de ma situation de célibataire et j’arrive à en rire pleinement. Je me sens de mieux en mieux dans ma peau et je suis heureux d’être la personne que je suis. Je t’encourage vraiment à faire de même, à être toi-même sans te soucier de rentrer dans un moule ou dans un autre. Tes textes où tu parles de ta solitude me touchent vraiment. Je me reconnais dans tes doutes de pouvoir être vraiment heureux en étant seul(e). Je partage ces doutes et je n’ai hélas pas d’antidote.
J’ai lu quelques un de tes articles, j’y ajouterai en commentaires mes réactions dès que j’aurai un peu plus de temps.
A +

réponse de : Pete Oyable le: 09/05/2006 à 21h59
Certains s enorgueuillisent d etre des dieux du sexe ou des gigolos infatiguables. Toi tu es de la grande race des papes de la boisson. Je te conseille le film un singe en hiver tu y rencontreras des gens comme toi qui s evadent.
Ton talent est profond ta narration est prenante. Tiens tu m as donne le gout de prendre un apero.
Tu as deja l avantage de faire partie de cette infime population qui s est profiter des effets positifs de l alcool. Mais fais attention de ne pas chuter dans les meandres de la dependance.
A bientot pour un nouveau voyage.
prend soin de toi.
commentaire n° :2 posté par : ben le: 25/09/2006 à 12h52

La dépendance ? Point de risques. Mes soirées de picole sont de plus en plus rares. Aurai-je atteint l'age de raison ? La dépendance ne m’inquiète pas, mais je crains l’accoutumance. Le week-end dernier j’ai bu 6 cocktails fortement alcoolisés, et ça ne m’a rien fait. Aucune griserie. Pourtant je n’avais rien mangé pour optimiser l’effet de la boisson.

 

réponse de : Pete Oyable le: 25/09/2006 à 21h46

Bonjour, bonsoir, bonne après midi à tous !


Je suis impréssioné ! Vraiment, tous ceci est remarquable ! J'ai découvert ton blog par hasard, et j'en suis on ne peut plus heureux ! Des histoires à couper le souffle (et l'appetit pour certaine) et un humour profondement ancré dans l'auto-dérision et le mauvais gout ! Bref du bon, du bon , du bonus !


Ton recit sur l'alcool me transende ! Cette description est magnifique et tellement réaliste !


Je reste admiratif et tu peux d'ors et déja me compter parmis tes lecteurs assidus en attente de nouvelles aventures ...


Mes plus sincères salutations et mes encouragements pour que tu continu à écrire avec ce même talent !


PS : tes articles m'ont rappeler le mauvais gout extra-ordinaire présent dans les austin power, et si tu ne les as pas vu je te les conseilles vivement !

commentaire n° :3 posté par : Zurg le: 04/05/2007 à 21h47
ça faisait longtemps que je n'avais pas eut un message aussi chaleureux. C'est toujours aussi bon, merci ! Tu ne le sais peut-être pas, mes parutions se font très rare et de plus en plus rare... Faudra être patient ;o)
Pour austin power, j'en ai regardé un pendant 20 minutes, ensuite j'ai zappé, je n'ai pas du tout accroché.
réponse de : Pete Oyable le: 09/05/2007 à 00h07
Purée t'as du bol moi même raidre bourré j'arrive toujours pas à draguer !
commentaire n° :4 posté par : Asa le: 20/05/2008 à 22h32
mdr.
Bourré, je ne peux pas dire que je drague, je fais plutôt du rentre dedans. Mais c'est rare que ça marche, sauf avec une fille qui est ivre elle aussi, et plutôt moche et conne.

réponse de : Pete Oyable le: 21/05/2008 à 00h38
Bravo pour tes textes tu es vraiment doué pour transcrire la réalité sur un papier. j'ai pour l'instant tout lu jusqu'à ton véritable amour et je dois dire que je n'ai pas de mot pour décrire les frissons que j'ai eu à chaque relecture de ce dernier. Si ca ne te dérange pas je pense l'afficher en soirée avec l'adresse de ton blog .
encore bravo et continue de nous faire vivre ton univers. 
commentaire n° :5 posté par : sombre le: 04/07/2008 à 01h05
Heureux de te faire frissonner !
Tu peux me faire de la pub, il n'y a pas de problème. Si tu  veux, tu peux même m'inviter à tes soirées ;o)
réponse de : Pete Oyable le: 04/07/2008 à 19h40
Dans cette passion pas besoin de manger, tu vis d'amour et d'alcool frais !

(une de plus a ajouter aux expressions déformées ...)  
commentaire n° :6 posté par : Smax le: 11/08/2008 à 03h07
Joli.
C'est quand même mieux de manger, ça permet davoir quelque chose à vomir.
réponse de : Pete Oyable le: 19/08/2008 à 20h32
Si surprenante qu'ait pu être la lecture de cet article, j'avoue que le style est là, tout comme l'humour et surtout le courage d'admettre ce que beaucoup considéreraient probablement avec pitié.

Pour avoir une certaine tendance à faire passer ce genre d'amour avant toutes choses, je ne peux toutefois que me joindre à ce qui a été dit plus haut: on passe très rapidement de l'amour à l'esclavage...

En tout cas tant que tu arrives à gérer, fais-toi plaisir !
commentaire n° :7 posté par : Psyminder le: 20/01/2009 à 20h43
Oui, sage mise en garde pour tous ceux qui passe par là : l'amour rend souvent aveugle et pris dans le tourbillon de l'intense bonheur, il arrive parfois de dériver vers de sordides destinations : dépendance, esclavage, étouffement de la personnalité. Prenez bien soin de ne pas basculer de ce coté obscure de l’Amour.
réponse de : Pete Oyable le: 08/02/2009 à 04h00
 génial! j'ai écrit des textes similaires; ça me fait aussi penser à un passage Bukowski qui décrit sa rencontre avec l'alcool comme une révélation; un orgasme plus long et plus intime que le sexe, sans contrepartie... A+ et bravo!
commentaire n° :8 posté par : pieterpend le: 24/01/2009 à 17h45
Charles Bukowski. Je ne connaissais pas. Un peu de culture sur ce site, ça ne fait pas de mal. J'aime bien le titre de certains des livres de ce Bukowski : "Journal d'un vieux dégueulasse"; "Souvenirs d'un pas grand-chose", "Jouer du piano ivre comme d'un instrument à percussion jusqu'à ce que les doigts saignent un peu"...
réponse de : Pete Oyable le: 06/02/2009 à 12h19

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