La malédiction

Je vais vous parler dans cet article d’une malédiction dont je suis frappé depuis ma plus tendre enfance, avec le secret espoir qu’un lecteur me dise comment briser ce maudit sortilège.

En réalité, ce n’est pas une seule malédiction qui me touche, mais plusieurs. Vous en connaissez déjà plusieurs : la malédiction de l’éjaculation précoce par exemple, ou celle de la panne sexuelle. Ces deux là, j’ai réussi à les repousser par une abstinence sexuelle totale. Certes, cette solution n’est pas la meilleure, mais ce n’est pas le sujet du jour. Je suis également atteint de la malédiction de la constipation de la première semaine de vacances (sauf quand j’attrape une tourista). Je sais que cette malédiction est courante et finalement peu dérangeante. Personnellement, j’en me m’en occupe pas : je préfère profiter des vacances plutôt que de rester enfermé des heures à pousser comme une femme accouchant de siamois. Après quelques jours, la malédiction se brise d’elle même.

Le mal dont je veux vous parler aujourd’hui et que je souhaite enfin anéantir est la malédiction des chaussures qui puent. Elle concerne essentiellement les chaussures de sport et provient certainement de la transpiration. Le contamination est très rapide : il suffit que je mette une dizaine fois des chaussures pour qu’une odeur insupportable s’en dissipe. Et quand je dis insupportable, c’est vraiment insupportable. La seule parade que j’ai trouvé, c’est d’une part, ne pas faire beaucoup de sport et d’autre part, acheter des chaussures jetables à 15 euros que je jette dès qu’elles puent de trop.

Mais au printemps dernier, j’avais acheté une magnifique paire de chaussures de randonnée à plus de 100 euros. A ce prix là, je me suis naïvement dis « elles ne devraient pas puer ». Les premiers jours de vacances, j’y ai cru. Mais seulement les premiers jours, car dès le cinquième jour atteint, des émanations putrides commençaient à s’échapper de mes beaux souliers. Toutefois, ces effluves nauséabonds étaient assez faibles et n’étaient guères décelables à plus d’un mètre de leur source. Ils n’importunaient que les enfants, les nains et les culs de jatte et Dieu soit loué, je ne côtoie pas ce genre de personne en vacances. Mais dès le milieu de la seconde semaine, ce fut l’horreur. Elle était là, cette odeur pestilentielle, insoutenable, indescriptible. Toujours la même odeur, celle qui hante toutes mes chaussures de sport. Cette odeur est l’une des pires que mon grand nez a eut le malheur de renifler. Le seul souvenir d’une odeur aussi mauvaise date de ce jour maudit où enfant, l’institutrice nous avait fait visiter une station d’épuration.

Et c’est ainsi depuis toujours. Je ne peux mettre des chaussures de sport qu’une dizaine de fois, ensuite elles sont bonnes à jeter. J’ai vainement essayé des traitements mais je suis un piètre chimiste. Lavage à l’eau de javel : l’odeur reviens à peine les chaussures sèches. Des absorbeurs d’odeur (febreze ou produit spécial pour chaussure) : dès je rechausse mes satanées godasses, l’odeur revient en moins de deux heures. En expérimentant au hasard, j’ai trouvé une trithérapie qui ralenti la propagation du fléau. En voici la formule : un spray désinfectant spécial chaussure, suivi de feebreze et enfin une grande dose de parfum. Il en résulte un mélange d’odeurs, peu agréable certes, mais supportable. L’opération doit cependant être effectuée avant et après chaque utilisation. C’est loin d’être la solution parfaite.

Mes pauvres chaussures à 100 euros, je ne les aurai mise que deux semaines. Devoir les jeter à cause de l’odeur, c’est quand même rageant. Je pensais ma cause perdue, quand un coup du sort résolu le problème. Non, je n’ai pas du jeter mes chaussures à cause de l’odeur ! J’ai du les jeter car les semelles se décollaient ! Et les deux semelles. Ah, ces magnifiques produits jetables chinois bons à jeter après deux semaines d’utilisation…

Chaussures foutues, problème d’odeur résolu.

Enfin, momentanément seulement. Car des remplaçantes vont bientôt arriver et sans nul doute, elles aussi seront frappées par la malédiction.  C’est pour cette raison que j’en appelle à vous, amis lecteurs. S’il l’un d’entre vous a un remède, par pitié, qu’il m’aide !